Il est des compagnonnages qui à la première rencontre relèvent de l’évidence. Celui qui a conduit à un travail en commun avec le Centre social quartier Vitalité est de ceux-là. Sylvain Paratte, le directeur du centre en a été l’initiateur, aussi lorsque nous avons appris sa mort avons-nous eu l’impression que la perte en nous se taillait un chemin.
Nous attendions la réouverture des terrasses pour prendre un café ensemble sur le chemin du boulot au matin. On l’aurait trouvé là, attablé, tasse à la main et mégot à la bouche, un bout de quartier à lui tout seul. Sylvain Paratte portait la curiosité comme d’autres un drapeau, l’envie d’aller à la rencontre de l’autre et de lui faire confiance aussi. Il voulait que les jeunes du quartier trouvent leur place, osent l’initiative. Il voulait fabriquer des militants et des mobilisations collectives pour que ni le droit ni les droits ne reculent.
Notre dernier échange téléphonique portait sur un jeune homme qui se rêve enseignant et cherchait un lieu dans lequel agir dans l’attente d’un droit à vivre et travailler ici. Sylvain l’a accueilli dans son équipe de soutien scolaire, puis pour des parties d’échecs avec les enfants, parce qu’il était attentif à cela aussi : déceler et honorer les talents de chacun.
Une quinzaine de jours après sa mort, nous recevions l’appel de Tristan Debray, dont l’association Passion’n’Elan organisait un tournoi d’échec en ligne pour les enfants de la Métropole, en hommage à Sylvain. Les sommes récoltées à l’occasion de ce tournoi annuel sont traditionnellement reversées à une association. En interrogeant les équipes du centre social, il avait appris que Sylvain aimait beaucoup PasserElles Buissonnières, le contact est établi, rétabli puisque des membres de l’association avait aussi côtoyé Tristan et travaillé avec son père, Jacques Debray, avocat lyonnais ardent défenseur des droits humains aujourd’hui décédé.
L’histoire est faite des liens que nous tissons et qui nous offrent par-delà des croyances de chacun, une part d’éternité. Le 29 mai, les joueurs d’échec ont offert à Sylvain une dernière partie pendant que grandiront dans le jardin de quartier Vitalité les plantes apportées à sa mémoire et que nous poursuivrons, ensemble et avec d’autres, sans relâche, le projet de fraternité.