Le projet de loi sur l’asile et l’immigration a été adopté en première lecture le dimanche 21 avril 2018. Si nous nous laissions submerger par la superstition, nous pourrions penser que la date du 21 avril restera de sinistre mémoire dans notre histoire nationale comme celle du repli sur soi et de la peur de l’autre.
Lorsque le projet de loi a été rendu public, comme nous l’avions déjà fait en 2015, nous l’avons étudié et amendé à partir de nos pratiques professionnelles dans le droit et dans le soin. Ce travail est venu rejoindre une communauté qui n’a eu de cesse de s’élargir tout au long de l’examen de ce projet de loi : syndicats de magistrats administratifs, rapporteurs de la Cour Nationale du Droit d’Asile, avocats, associations travaillant aux côtés des migrants et des réfugiés, défenseur des droits, artistes, etc.
Une telle mobilisation autour d’un Nous qui transcendait bien des clivages et rassemblait avant tout autour d’une connaissance de terrain, aurait pu permettre un doute, encourager une prise de recul et un temps de réflexion commune. Les mouvements de population, leurs causes, leur importance, les questions qu’ils posent, les peurs qu’ils suscitent parfois dans nos sociétés où comme le dit Edgar Morin « un mal-être intérieur parasite le bien-être extérieur » relèvent d’un débat complexe.
La posture choisie d’un vote dans une urgence irraisonnée et entouré de débats qui relevaient plus de l’outrance que du travail ne grandit pas notre pays. Le résultat, si la loi est adoptée en l’état par le Sénat, va conduire à une casse humaine qui ne touchera pas seulement les exilés venus chercher dans notre pays un lieu où vivre en paix. Il impactera durablement notre lien social, ce qui nous constitue en tant que nation bien plus que la haine et la peur de l’autre : le souci de l’hospitalité et la volonté de défendre dans un monde où la violence fait rage, la prédominance du droit et de l’équité.
Retrouvez l’agumentaire de PasserElles Buissonnières en cliquant ici.